Notre emblème se veut unificateur des forces nationalistes en remettant à l’honneur l’un des plus beaux motifs héraldiques, à savoir la fleur de lys. Comme l’écrivit en 1950 Pierre Joubert, « chaque époque a créé une fleur de lys » et aujourd’hui les nationalistes fusionnent le lys ancestral avec le glaive du combat, auréolés des lauriers de la victoire.
Certains peuvent ne pas comprendre le choix de cet emblème, car le lys est communément associé aux mouvements royalistes attachés à une dynastie et voulant restaurer la monarchie d’antan, de l’ancien régime ; or, ce n’est pas la démarche des nationalistes qui préfèrent en premier lieu abolir le système cosmopolite, pour restaurer un gouvernement de France par principe, en deuxième lieu choisir les modalités du régime au vue des circonstances et besoins réels des Français. Alors pourquoi le choix de la fleur de lys ? Il faut convenir avec Pierre Sidos que le lys est « l’antique symbole du royaume de France » qui doit être « considéré comme valeur historique nationale et non comme la marque distinctive des organisations royalisantes actuelles. »
Origines de la fleur de lys en France
Assurément le lys héraldique est différent de la fleur que l’on trouve dans les jardins ; avec le temps le lys a changé de style mais jamais de forme : la fleur héraldique est toujours représentée sous une forme trilobée avec un pétale central droit, deux autres sur les côtés incurvés retenus par la barrette et un pied. Le lys héraldique a pour origine plusieurs légendes :
– La première est celle du crapaud transformé en fleur : Clovis portait sur ses armes trois crapauds ; certains d’après un manuscrit latin rapportent que lors d’un combat singulier les crapauds du bouclier se transformèrent en fleurs de lys ; Clovis changea alors de bouclier mais le phénomène recommença. Après avoir changé de bouclier par trois fois, il accepte le nouveau signe qui décore son écu et accepte de se battre. Clovis remporte alors la victoire. Intrigué par ce prodige, il interroge alors son épouse Clotilde :
– « Qu’est-ce donc que ce lis, répété trois fois sur fond d’azur ? »
– « La Sainte-Trinité te donne ô Clovis la victoire », lui répondit la reine, « afin que l’unité des trois fleurs d’or sur ton bouclier t’apporte une longue durée et que ton autorité préside à un âge d’or. Quant à l’azur du champ de l’écu, il préfigure le ciel que le Christ te promet si tu crois au vrai Dieu ». Convaincu, Clovis se convertit à la foi de son épouse.
– La deuxième vient d’un certain père Daniel qui prétendait qu’elle avait d’abord été « le fer d’un javelot dont les soldats francs se servaient sous la première race ; que ce javelot servit d’abord de sceptre à nos rois qu’en suite la figure du fer qui terminait cette arme passa sur leur couronne, puis sur leurs habillements, sur leurs cottes d’armes et enfin sur l’écusson de leurs armoiries, quand les armoiries furent créées ».
– La dernière légende est rapportée par Louis Girard qui rappelle que la fleur de lys serait un iris stylisé dont Clovis a fait sa fleur favorite : lors de la bataille de Vouillé en 507, les armées de Clovis sont repoussées dans les marécages de la Vienne par les Wisigoths d’Alaric II. Une biche au son de l’armée traverse alors la Vienne en crue au niveau d’un gué environné de grands iris, indiquant ainsi ce passage que peuvent franchir les armées qui vont pouvoir battre les Wisigoths. Cette fleur, symbole de la victoire de Clovis, est dès lors adoptée par le roi des Francs. Il y aurait donc une confusion historique entre l’iris et la fleur de lys.
Le lys sous les carolingiens
Le lys apparaît dans le monde franc à la fin du règne de Pépin le Bref (715-768).
Le lys sous les capétiens
Dès les premiers capétiens, le lys figure sur différents ornements : soit sur les sceaux, les couronnes les pierres tombales. Et il semblerait que ce soit Louis VII qui ait joué un rôle déterminant dans l’adoption de la fleur de lys comme symbole spécifique à la France. Le blason devint couleur « azur semé de lys d’or », le bleu représentant le ciel et la chape de Saint Martin.
En 1376, Charles V réduisit le blason 3 fleurs en référence au symbole trinitaire. La volonté royale se manifesta officiellement dans la rédaction de la Charte de Limay. « Trois pour exprimer la Trinité, afin que, à la façon où le Père, le Verbe et l’Esprit des trois fleurs préfigurent mystérieusement un signe unique ; et à la manière où le soleil de la divinité illumine du haut de l’empyrée le monde entier, ainsi les trois fleurs d’or, placées sur un champ céleste ou d’azur resplendissent plus glorieusement sur toute la terre et éblouissent d’une clarté vive, et afin que le sens du signe s’adapte correctement aux personnes de la Trinité, la puissance des armes, la science des lettres et la clémence des princes correspondent très parfaitement au groupe des trois lis par lesquels le royaume de France a brillé aujourd’hui et conserve en cela les marques de la Trinité. Telle est l’excellence et le prestige du roi envers lequel l’indivisible Trinité manifeste une si grande volonté qu’elle a accepté de lui consacrer sa propre image et de ce fait, le royaume n’est soumis à l’autorité d’aucun prince sur terre et semble s’être placé sous sa protection propre et privilégiée ».